dimanche 19 janvier 2014

Quand Yves Saint Laurent modernisa la Parisienne

Aujourd'hui, porter un blazer et un pantalon de smoking lorsque l'on est une femme est tout à fait banal. Le costume féminin est entrée dans les moeurs tout comme la chemise d'homme, les derbies ou encore les vestons. Le look masculin/féminin reste indémodable. Mais mesdemoiselles, jouer les femmes puissantes et conquérantes en tailleur pantalon n'aurait pas été possible sans un homme, et quel homme ! : Monsieur Yves Saint Laurent.

« Chanel a libéré la femme, Saint-Laurent lui a donné le pouvoir. » Pierre Bergé

En 1966, les parisiennes découvrent Le Smoking féminin lors du défilé automne/hiver Saint Laurent. La presse crie au scandale, les femmes hurlent au génie. Loulou de la Falaise, Mireille Darc, Sylvie Vartan, Catherine Deneuve ou encore Françoise Hardy l'adoptent. Cette dernière se fera même huer à l'Opéra pour avoir arboré cette pièce "réservée" aux hommes. Mais n'en déplaisent aux vieux conservateurs (et autres machos inquiets de voir la femme prendre peu à peu le pouvoir), Le Smoking entre -définitivement- dans le vestiaire féminin.


Le Smoking Yves Saint Laurent, 1966


Yves Saint Laurent réinvente la femme moderne


Catherine Deneuve, ambassadrice et amie de Yves


Le Smoking pour le défilé rétrospective de 2002


Yves et ses muses en smoking à la fin du défilé



Sophie Marceau et son smoking blanc, signé Stefano Pilati pour YSL, 2007

Mais Saint Laurent n'a pas seulement inventé le smoking féminin, il a également créé des pièces qui ont accompagné -et accompagnent encore- la femme moderne

"Je pris soudain conscience du corps féminin. Je commençais à dialoguer avec la femme et à prendre conscience de ce qu'est une femme moderne."  
Yves Saint Laurent

En 1914, Thomas Burberry invente le trench coat pour habiller les soldats durant la Première Guerre mondiale. Presque 50 ans plus tard, Saint Laurent décide d'habiller la femme avec ce manteau imperméable typiquement masculin pour sa collection Rive Gauche de 1962. Que serait la Parisienne sans son trench ? On dit merci Yves !


Le trench coat Saint Laurent, 1962

Trench YSL collection a/h 2012

Kirsten Dunst et son trench YSL carmin


"Courte, sexy, portée avec une ceinture à anneaux de métal, la saharienne incarnait le manifeste de liberté qui commençait à bouleverser les garde-robes."  Virginie Mouza dans Le Figaro

Née en 1968, La Saharienne est d'abord créée en un seul exemplaire pour un photoshoot du Vogue français. Mais le succès est tel qu'Yves Saint Laurent décide de la commercialiser dans sa boutique Rive Gauche l'année suivante. Aujourd'hui, cette veste inspiration safari réveille la baroudeuse qui sommeille en nous.


Veruschka en saharienne YSL pour Vogue 1968

Une version plus sobre de la saharienne Saint Laurent

La Saharienne Saint Laurent lors du défilé rétrospective de 2002

Giovanna Battaglia, rédactrice mode pour W Magazine


Enfin, j'évoquerai La Robe Mondrian qui est certes moins portable au quotidien mais qui est indissociable du talent de Saint Laurent. Pour sa collection "Hommage à Mondrian" de 1965, Yves s'inspire des oeuvres abstraites du peintre néerlandais Piet Mondrian pour créer des robes aux imprimés graphiques. La fameuse robe Mondrian a marqué les esprits alors que le créateur en présentait neuf autres. La raison du succès ? Peut-être le talent d'un certain Azzedine Alaia, qui a dessiné le prototype de la robe. 


La Robe Mondrian, 1965


La Robe Mondrian lors du défilé rétrospective de 2002


L'actrice américaine Veronica Hamel 


Décédé en 2008, Yves Saint Laurent est toujours dans les esprits. 2014 sera son année ! Deux longs métrages lui sont consacrés, dont le sublime "Yves Saint Laurent" de Jalil Lespert avec un Pierre Niney époustouflant dans le rôle du créateur torturé. Le second, intitulé "Saint-Laurent", avec Gaspard Ulliel sortira en octobre prochain. Ce biopic souffrira de la comparaison d'autant plus que celui réalisé par Lespert a déjà attiré plus de 550 000 spectateurs. 
La preuve que Saint Laurent continue de captiver et d'inspirer la génération actuelle.


Affiche du film


Pierre Niney et Guillaume Gallienne dans la peau du couple passionné Saint Laurent/Bergé


Gaspard Ulliel rejoue le nu Saint Laurent, scandale de l'année 1971


Il se murmure même que Pierre Niney deviendrait le nouvel ambassadeur de la maison Saint Laurent à en croire une mystérieuse photo publiée sur son compte Instagram.





"Les modes passent, le style demeure. Mon rêve est de donner aux femmes les bases d'une garde-robe classique qui, échappant à la mode de l'instant, leur permette une plus grande confiance en elles-mêmes. J'espère les rendre plus heureuses."  


Merci Yves !




Pour (re)découvrir le créateur et l'homme :

Le site de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent (une source sûre)

La biographie Yves Saint Laurent, l'homme couleur de temps de Fiona Levis (2008) et celle de Marie-Dominique Lelièvre Saint Laurent, mauvais garçon (2011)

Le documentaire Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, l'amour fou de Pierre Thoretton (2011)

Le livre de photographies dédié à l'appartement du couple Yves Saint Laurent, les derniers jours de Babylone de Luc Castel (2013)

vendredi 10 janvier 2014

Quand la petite robe noire fait son cinéma

En 2013, les Français ont boudé les salles de cinéma. La Parisienne avait mieux à faire que d'aller voir des films. Mais une actrice continue à la fasciner et à la séduire. Elle ne loupe aucune de ses représentations, aucun de ses défilés. Cette superstar indétrônable qui accompagne le quotidien des Parisiennes, c'est la petite robe noire.


Quel est le point commun entre Catherine Deneuve, Mireille Darc et Marion Cottillard ? Un vêtement : la petite robe noire. Ces parisiennes ont toutes porte dans un film ce basique du vestiaire féminin et ont transformé ce petit bout de tissu noir en véritable symbole du chic. 
Retour sur ces robes noires mythiques qui influencent la mode et évoluent au rythme des tendances.

La femme fatale


Grâce à la pin up des années 40, la petite robe noire devient le symbole du glamour hollywoodien. En 2002, Saint Laurent s'inspire de cette robe bustier pour sublimer la future ex-première dame. 


Rita Hayworth dans Gilda (1946)


Défilé Yves Saint Laurent (2002)



Angelina Jolie en Atelier Versace (2011)

La femme élégante 

Portée par la muse de Givenchy, la petite robe noire devient l'incarnation du chic new yorkais (et parisien !). Audrey Hepburn, flânant le long de la 5e avenue, un café à la main, le regard rêveur devant Tiffany's, élève la robe noire au rang d'allégorie de l'élégance. En 2012, on a vu une Holly Golightly moderne déambuler le long du podium pour le défilé Herrera.


Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany's (1961)


Défilé Carolina Herrera (2012)


Emily Blunt en Alexander McQueen

La femme (pas si) sage 

Cette petite robe noire signée Saint Laurent habille une chemise blanche d'homme - celle du partenaire de la veille ? Catherine Deneuve apparaît très sobre, trop sage. La robe rappelle la tendance monacale de 2010, savant mélange de piété et de modernité, à l'image de l'héroïne de Belle de jour, loin d'être une enfant de chœur...

Catherine Deneuve dans Belle de jour (1967)


Défilé Céline (2013)


Alexa Chung en Fray I.D


Julia Roberts en Victoria Beckham

La femme (dé)culottée


En apparence simple et classique, cette robe longue dévoile en réalité une chute de reins des plus osées. Mireille Darc dévoile une partie de ses fesses, comme le signe de la libération de la femme, post-68, qui peut désormais disposer de son corps comme elle l’entend. Jean Paul Gaultier, créateur provocateur et exubérant, s’inspire de cette robe Guy Laroche pour son défilé en 2002.


Mireille Darc dans Le grand blond avec une chaussure noire (1972)


Défilé Jean-Paul Gaultier (2002)



Rihanna en Versace

Elsa Zylberstein en Alexandre Vauthier

La femme vamp'

Le gothique, c’est chic ! La robe vampirique de Morticia s’inscrit parfaitement dans la tendance veuve noire de 2013. Ou comment une morte-vivante redonne vie à une robe noire.

Anjelica Huston dans La Famille Addams (1991)

Défilé Gucci (2012)

Keira Knightley en Valentino


La femme rétro

La petite robe noire se la joue rétro et retombe dans les années folles où elle est ornée de sequins, de franges et virevolte au rythme du charleston. Les films The Artist et dernièrement Gatsby le magnifique ont remis au goût du jour la petite robe noire années 20. On ne vit peut être plus les Trente Glorieuses mais en tout cas la petite robe noire est toujours au sommet de sa gloire.


Bérénice Bejo dans The Artist (2011)


Défilé Gucci (2012)


Bérénice Bejo en Gucci



La petite robe noire habille les actrices depuis des décennies tout comme des générations de femmes désireuses d'allier chic et simplicité. Glamour, classique ou femme enfant, cette pièce intemporelle incarne la femme que l'on est ou que l'on voudrait être. Devenue l'héroïne de notre quotidien, la petite robe noire n'est pas prête de jouer les seconds rôles.


Quelques livres sur La petite robe noire

Petite robe noire : Eternelle, basique et intemporelle
 La petite robe noire
Little Black Dress

jeudi 2 janvier 2014

Quand la Parisienne s'amusait comme une folle


Les années folles. Période de décadence, d'euphorie, d'insouciance. Après la guerre, Paris s'encanaille. La Parisienne serait même une fille facile, selon les américains. Légère et libérée, elle fait tournoyer sa robe à franges au rythme d'un charleston endiablé. Finis les corsets et les jupes longues, la Parisienne s'émancipe progressivement par le vêtement. Elle ose même le pantalon et la coupe garçonne, se prenant pour Louise Brooks ou Coco Chanel.


Pourquoi évoquer aujourd'hui la Parisienne des années 30 ? 
Car elle est plus que jamais au coeur de l'actualité et on en a bien besoin. Une pointe de frivolité et d'insouciance, ça ne fait pas de mal en ces temps perdus difficiles !

Retour sur cette folle parenthèse.


Coco Chanel en mode 1920


Louise Brooks ou La Fille au Casque Noir

Quand la Parisienne donnait une leçon de chic


Femme à l'écharpe

Vous rêvez de découvrir la garde robe d'une Parisienne des années 30 ? Rendez-vous au Musée Carnavalet pour admirer quelques pièces d'Alice Alleaume, première vendeuse chez Chéruit mais surtout passionnée de mode. Robes Lanvin, chaussures d'Hellstern ou encore chapeaux Marcelle Demay, les plus grands noms de la haute couture des années 20 défilent sous nos yeux. Alice et sa famille racontent l'histoire du vêtement de la Belle Époque aux années 30 à travers leurs pièces mais aussi leurs documents personnels (carnets de vente, listes de clientes, photos). Une exposition authentique et passionnante qui nous plonge au coeur d'un Paris raffiné où la Parisienne incarnait le paroxysme du chic.

Mannequins de 1910, G.Agié,  Les Créateurs de mode







Alice Alleaume



Exposition Roman d'une garde-robe, le chic d'une parisienne de la Belle Époque aux années 30  jusqu'au 16 mars 2014

Musée Carnavalet 23, rue de Sévigné - 75003 Paris
Entrée à partir de 6 euros

Livre sur l'exposition 35 euros

Quand la Parisienne dansait le charleston


Le 2 décembre dernier, France 3 consacrait un documentaire au Paris des années 30, Paris, années folles : de Montmartre à Montparnasse. Le résumé de la chaîne :  En 1918, un extraordinaire élan vital s'empare d'une France victorieuse, exsangue et dépeuplée. Les Français se tournent vers la joie de vivre et le progrès social. Entre 1924 et 1937, ce rêve va trouver sa réalité à Paris, qui acquiert un rayonnement culturel mondial unique, tant populaire qu'intellectuel. Mais Paris ne serait pas devenu ce «nombril du monde», selon Henry Miller, sans deux quartiers qui se font face de part et d'autre de la Seine : Montmartre et Montparnasse. D'un côté, la bohème pittoresque de la Butte et des nuits chaudes de Pigalle ; de l'autre, l'avant-garde intellectuelle et artistique qui s'est établie à Montparnasse, de la Rotonde à la Coupole." 



Ce documentaire signé Vincent Labaume met en scène un Paris rieur où chacun vient oublier les ravages de la guerre. 


"Paris est une fête" comme dit si bien Hemingway. 

À travers des archives colorisées et sonorisées, le spectateur plonge dans un univers excentrique où se mêlent écrivains perdus (ou "Lost generation": romanciers américains expatriés à Paris durant l'entre-deux-guerres comme Hemingway, Dos Passos, Fitzgerald), filles de cabaret et artistes surréalistes. Et la Parisienne dans tout ça ? Elle a la gouaille de Mistinguett, le déhanché de Joséphine Baker et la désinvolture de Kiki de Montparnasse. Une Parisienne frivole. Une "fille facile" d'après les américains de l'époque. (Petit aparté :  Mais pourquoi donc la femme française a toujours eu cette réputation de femme facile ? Sûrement le sujet d'un prochain article avec témoignages et enquêtes à la clé).

Mistinguett, ça c'est Paris !

Joséphine Baker, Parisienne d'adoption

Kiki de Montparnasse, reine des nuits parisiennes

D'ailleurs, Woody Allen a choisi de filmer son Paris à travers le prisme des années folles, pour son film Midnight in Paris (2011). On y retrouve Hemingway, Zelda Fitzgerald et même Joséphine Baker. Dans cet hommage à la capitale, Marion Cotillard incarne Adriana, l'égérie de Picasso qui regrette la Belle Époque. Une Parisienne nostalgique.

Marion Cotillard en muse de Picasso


Ainsi, la Parisienne des années 30 est une femme piquante, joyeuse, profondément libre. Ces garçonnes gouailleuses ont permis à la femme de s'émanciper et à adopter son propre style. Sans elles, il n'y aurait pas de parisiennes en jean et chemise d'homme. La Parisienne des années folles a ouvert la voie à la femme moderne d'aujourd'hui. On peut la remercier.