dimanche 30 mars 2014

Quand Condé Nast fête ses 100 ans au Palais Galliera


« Laissez parler les petits papiers » chantait Régine (belle référence n'est-ce pas ?)

 Pour ses 100 ans, Condé Nast ressort des tiroirs un siècle de photographies de mode. Artistiques et esthétiques, ces clichés sur papier glacé parlent encore à la lectrice d’aujourd’hui. Le visiteur part à la rencontre de photographes iconiques qui ont travaillé pour des magazines prestigieux comme Vogue, Vanity Fair ou Glamour.  Le musée Galliera rend ainsi hommage à ces faiseurs de rêve qui captivent, émeuvent, choquent parfois, les femmes depuis les années 20.




Le Palais Galliera, musée de la Mode de Paris







Papier imagé

Pourquoi Vogue fascine toujours autant ? La presse est en crise, certes, mais les femmes continuent d’acheter le magazine. Voulu comme le Louvre du glamour, la lectrice aime rêver devant ces clichés de mode. L’exposition propose plus de 150 tirages datant de 1918 à nos jours. Le papier n’a pas jauni, la photo n’a pas vieilli. Ces photographies semblent suspendues dans le temps. Certaines ont beau avoir 100 ans, elles n’ont pas pris une ride. Ces clichés nous racontent une histoire et nous invitent à ressentir.
Endormies dans les archives de Condé Nast, les muses Kiki, Gigi ou Lisa reprennent la pose pour le visiteur du 21 ème siècle. La lumière du flash de l’appareil photo de Man Ray, Henri Clark ou de Irving Penn a laissé place aux spots tamisés du musée. L’époque a changé, mais l’émotion reste intacte. Le trouble devant les femmes surréalistes de Cecil Beaton de 1936, figures fantomatiques droites comme des quilles. L’émerveillement devant le portrait d’Éléonore, muse d’Edward Steichen, photographiée en 1923. L’amusement devant la nature morte de Guy Bourdin, et ses fameuses têtes de veau à la langue pendante. Ces clichés touchent et émeuvent. Le papier n’a rien de glacial. 

Éléonore par Edward Steichen, décembre 1923, Vogue américain


Nature morte de Guy Bourdin, février 1955, Vogue français


Nature morte de Cecil Beaton, 1936


Photographie de William Klein, 1939


Papier engagé

La photographie de mode interpelle car elle est révélatrice d’une époque. Des années folles aux jours sombres de la guerre, le photographe immortalise son quotidien. Garçonne, active, provocatrice, les magazines mettent en scène l’émancipation de la femme au fil des années. 

D’ailleurs, Alexander Liberman, directeur artistique du Vogue américain de 1943 à 1961, disait :
« Un photographe de mode n’est pas le photographe d’une robe ; c’est le photographe d’une femme ». 

À travers sept cimaises thématiques, on (re)découvre le talent d'artistes qui ont su peindre la femme dans toute sa complexité. Romantique femme-fleur des années 20, businesswoman dans les rues de New York, croqueuse d’hommes conquérante, la femme Condé Nast s’émancipe au fil des pages.

Photographie de Clifford Coffin, 1944


Nature morte de John Rawlings, Vogue 1943


Photographie de Norman Parkinson pour Glamour

Vanessa Paradis par Mert et Marcus, Vogue France, 2008


Papier osé

Mais pour durer, les magazines du groupe ont osé, bousculé, voire choqué. Vogue est notamment connu pour son esthétisme érotique. Le sulfureux Terry Richardson n’hésite pas à shooter une mannequin sous stupéfiants en 2001 et à en immortaliser une autre se grattant les fesses. Le papier glacé n’a jamais été aussi bouillant sous les flash de Richardson. Corinne Day provoque également le scandale en 1993 en photographiant Kate Moss dans son intimité. Vogue devient alors un papier chiffon pour de nombreuses lectrices outrées. Mais le magazine reste en vogue.

Hannelore Knuts par Terry Richardson, 2001, Vogue France




Photographie d'Albert Watson, Vogue USA, mai 1977

Kate Moss par Corinne Day, 1993

Papier usé ?

Papier glacé, certes, mais papier jetable surtout. En effet, il risque de disparaître au profit du numérique. D'ailleurs, l’exposition diffuse des films contemporains qui s'interrogent sur l’avenir de la  photo de mode. La mannequin devient un être monstrueux déformé par les effets spéciaux ou une créature androgyne sans fard. La photographie de mode flirte avec le surréalisme et l’étrange. 

Le papier glacé, bientôt expiré ? Certes, l’avenir de la presse écrite est incertain. Mais tant que les photographes continueront de faire rêver les lectrices avec leurs clichés artistiques, Condé Nast n’aura pas de souci à se faire. Ne dit-on pas que l’art ne meurt jamais ?


 Glamour de juin 1942




Robe "Mondrian" Yves Saint Laurent, hiver 1965-1966























Quelques clichés du vernissage "so hype" de l'exposition avec du mannequin, du rédacteur, du créateur et... un sac à dos. Et oui, Jeremy Scott était de la partie.


Une brochette de mannequins, garantie 0% de matières grasses

Emmanuelle Alt et la mannequin Emily DiDonato



Le trio "Olivier" avec Oliver Rousteing, directeur artistique de Balmain, Olivier Lalanne, rédac'chef de Vogue Homme International et Olivier Saillard, directeur du musée

Photos Vogue.fr

Jeremy Scott en mode collégien avec son Eastpak...son Moschino pardon !


Et une petite visite privée en vidéo



Papier glacé. Un siècle de photographie de mode chez Condé Nast. 
Jusqu'au 25 mai.
Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris 
10, avenue Pierre Ier de Serbie 16ème arrondissement

À partir de 4 € 

samedi 22 mars 2014

Quand les Inspirations de Dries Van Noten se dévoilent aux Arts Décoratifs

Du 1er mars au 31 août, le musée des Arts Décoratifs dévoile les inspirations de Dries Van Noten. L'occasion de (re)découvrir le travail du créateur belge qui revendique une mode haute en couleurs. 

" Ce processus de création, c'est ce que je veux dévoiler dans l'exposition en rassemblant des oeuvres d'art, des clips, des livres, des bouts de tissu, bref, tout ce qui m'inspire! " confie t-il à L'express.fr.



Mini bio Dries Van Noten est né en 1958 à Anvers. Petit fils de tailleur et fils de vendeur de prêt à porter masculin, Dries entre à la fameuse Académie royale des beaux-arts d'Anvers et en sort diplômé en 1981. 
Il lance sa première collection à Londres en 1986 avec ses copains de la bande des "Six d'Anvers"(Ann DemeulemeesterMarina YeeWalter Van BeirendonckDirk Van SaeneDirk Bikkembergs) et commence à se faire un nom dans le milieu de la mode. Il crée en parallèle des costumes de ballets. En 1991, il défile pour la première fois à Paris lors de la Semaine du prêt à porter masculin. Il reçoit en 2008 le prix international du Conseil des créateurs de mode américains et préside en 2010 le festival de Hyères. Le style Dries Van Noten ? Imprimés flamboyants, inspirations ethniques, matières animales (crocodiles, léopard, cuir), couleurs fauves. L'accessoire est oversize, chic et exotique, la silhouette légère et destructurée.




Entrez dans le monde métissé et raffiné de Dries Van Noten





Le Chapeau de Pharrell Williams, signé Vivienne Westwood






"Je n'obéis pas à un système, car la routine tue l'inspiration. J'aime au contraire me sentir libre de mes associations. Pour le thème punk, par exemple, tout est parti de la façon dont je m'habillais quand j'étais étudiant à l'Académie d'Anvers. A l'époque, nous allions chiner des vêtements des années 1950 qu'on découpait et peignait. Mais je trouve le tailleur Bar de Dior tout aussi punk avec sa jupe de 30 mètres de tissu : montrer cela en 1947, c'était choquant. " 


Le tailleur Bar Christian Dior, 1947







Robe Balenciaga automne/hiver 1952-1953








Portrait de Marcel Proust par Jacques-Émile Blanche, 1892


Dries Van Noten s'inspire de l'art pour créer sa ligne masculine







Manteau pour chien signé Karl Lagerfeld











" Le plus important est que mes vêtements procurent une émotion."
dans les Inrocks 









Cuissarde du soir Grenade par Roger Vivier, 1987




La veste portée par Jimmy Hendrix

 

Dries Van Noten - Inspirations
Les Arts Décoratifs - Mode et textile
107 rue Rivoli 75001 Paris
À partir de 8, 50 euros

Pour en savoir plus : 
Dries Van Noten édité par les Arts Décoratifs


Et que nous réserve Dries pour cet été ?

Du blanc, du doré, du volant, de l'imprimé fleuri et exotique, la femme Dries Van Noten sera bohème et aérienne. Quelques silhouettes.















Photos Vogue.fr